ODETTE DUCARRE

ET HARMONIA MUNDI

Ces disques ont été édités par Bernard Coutaz

 

Il quitte le séminaire des salésiens (« C'était dans les années 1940, j'ai été renvoyé : j'avais organisé un cercle d'études marxistes ! »), et se reconvertit dans le journalisme.

Au début des années 1950, il travaille pour Témoignage chrétien. Il y publie au moins deux romans : Les Dents agacées (préface de Jacques Madaule, 1952) ; Quand les ventres parlent (1953). Il y connaît probablement Robert Morel [qui a tenu la chronique littéraire durant une partie de l’année 1946 et qui y travaillera encore par la suite, mais de manière épisodique, avec ses chroniques d’un Frère joyeux] pour qui il rédige, dans Les Saints de tous les jours de mars, un texte sur saint Grégoire le Grand (1956. Colette Coutaz a écrit, elle aussi, dans ce volume).

Il dirige Eglise d’hier et d’aujourd’hui aux Éditions ouvrières. Odette Ducarre réalise pour elle plusieurs couvertures [Cyprien de Carthage en 1957 ; Benoît de Nursie la même année ; Marie en 1960…] et fut la responsable de la belle allure de cette collection qui compta une quinzaine de titres.

Il écrit des romans ; Civilisations je vous hais (Table ronde, 1955) ; La Peur du gendarme (Editions ouvrières, 1956).

Il adapte pour la scène un texte d’Henri Ghéon, Le Pauvre sous l’escalier, joué par la troupe du TNP de Georges Wilson.

 

Bernard Coutaz avait créé sa société de production de disques en 1957 (ce sont les débuts du microsillon…). « J'ai démarré avec trois bouts de ficelle et quatre cartons, dans des bureaux prêtés, rue de Paradis, à Paris ». Sur les conseils de Robert Morel (son Club du livre chrétien date de 1954), Bernard Coutaz lance le Club chrétien du disque qui sortira 10 superbes disques, dont 9 mis en pages par Odette Ducarre (le N°7 a une maquette de Dora Thuynman), entre 1957 et 1961. Destinés à 1200 abonnés, ces disques (pris chez Supraphon, Vox…) sont dans de superbes pochettes illustrées, avec un livret, considérable, dont le texte est le plus souvent de Carl de Nys. Ils sont aujourd’hui presque introuvables et activement recherchés par les collectionneurs. Le public d’origine d’Harmonia Mundi est issu de ces adhérents de la première heure.

Son ami, Pierre Rochas, spécialiste de l’orgue (auteur en 1997, chez Harmonia Mundi d’un Petit dictionnaire de l’orgue illustré, livre avec 2 CD), lui suggère d'enregistrer des pièces jouées sur des orgues historiques d'Europe. Il en sort 75 disques 17 cm, en 33 puis en 45 tours (ces derniers restituant mieux la musique à cause de leur vitesse), en deux séries : Musique de tous les temps et Orgues historiques, qui asseoient la réputation de la maison avant 1973. Entre livre et disque, ces séries consistent en un fascicule illustré de photos et de dessins, d’une vingtaine de pages, présentant un orgue particulier, une église, un genre, des compositeurs… Michel Chapuis, Francis Chapelet, René Saorgin… enregistrent un répertoire mal connu. Odette Ducarre a réalisé des « mises en pages », de 1962 à 1965, dans ces deux collections vivantes de 1958 à 1973.

Elles sont la base du catalogue Harmonia Mundi. Bernard Coutaz avait le génie des affaires !

Bernard Coutaz s’installe, en 1962, à Saint-Michel-L’Observatoire, dans le Lubéron. Plus tard à Arles où se trouve toujours la maison. Il est mort en 2010, et sa femme Eva lui a succédé.

Depuis 1986, il était revenu à ses anciennes amours (le livre) en rachetant et en diffusant de nombreuses maisons françaises et étrangères. Entre 1988 et 1993, il lance les éditions Bernard Coutaz qui publient une trentaine d’ouvrages [1988 : Combien fou tu serais Orlando. Correspondance de Roland de Lassus avec le prince de Bavière ; Jeux de massacre : 100 compositeurs de A à Z ; Les Anonymes ; Les Greniers de la colère ; Le Sixième fils. 1989 : Europe 92. Le rapt du futur ; L’ange de pierre ; Chostakovitch ; Bagouet ; Eau morte ; Provence, mythes et réalités ; Correspondance Mahler – Strauss ; Le Metteur en scène. 1990 : Cunningham ; Tout ce que je veux, c’est une femme ; Puissance et pouvoir ; Le Tunnel ; Le Spectre défait ; Katherine Mansfield une vie secrète ; Construire la danse ; Vienne histoire musicale en 2 tomes. 1991 : Londres histoire musicale. 1992 : Chroniques pour la musique d’aujourd’hui ; Louis XVI était coupable ; Waterloo de V Hugo ; Les Courtisans de Saint-Simon ; Les animaux domestiques de Buffon. 1993 : Le Théâtre à la mode au 18ème siècle].

 

Extrait d’une interview de Bernard Coutaz en 2005

M. Coutaz, comment avez-vous commencé il y a 50 ans ? Tout seul. J'ai été journaliste et réalisé des livres pour les Editions Ouvrières (institution chrétienne), mais j'ai toujours voulu être indépendant. J’ai donc voulu fonder ma propre maison. En 1958, il semblait plus facile d'éditer des disques. J'ai donc commencé avec un club de disques (Le Club chrétien du disque) à l’instar de ce « fou » (Robert Morel) qui voulait bâtir une maison d'édition sans argent. Et sont venues de partout des lettres de gens qui ont rejoint le club : environ 1 200 personnes. Quand le club a dû être converti en société anonyme, j'ai proposé à tous les adhérents, une action de 100 francs. J'avais encore un revenu en tant que journaliste et des droits d'auteur. Avec cet argent, j'ai acheté une ferme en Haute Provence. Ce fut un bon investissement car, quand je l'ai vendue, j’ai pu racheter la majorité des actions.

 

 

Bernard Coutaz et Odette Ducarre

La date de rencontre Coutaz / Morel n’est pas déterminée. Je la situe vers 1950 car Bernard Coutaz entre alors à Témoignage chrétien (où Robert Morel réalise encore des piges après avoir quitté le journal en 1946). Il y publie deux livres en 1952 et 1953, et plusieurs autres par la suite. Robert Morel lance, en 1957, le Club du livre chrétien.

Odette Ducarre a travaillé pour Bernard Coutaz, de 1956 à 1965. Dès 1956, elle a créé la maquette et réalisé plusieurs couvertures pour la collection Eglise d’hier et d’aujourd’hui que dirigeait Bernard Coutaz aux Editions ouvrières ; et imaginé la couverture d’un de ses livres : La Peur du gendarme (même éditeur, 1956). [Cette année-là, il signe un article dans Les Saints de tous les jours de Robert Morel]. Pour le Club chrétien du disque, Odette Ducarre travaille de 1957 à 1961 ; et de 1962 à 1965, pour Musiques de tous les temps (et Orgues historiques).

Qu’est-il arrivé à cette date pour que les Célébrations sur disques soient confiées, en 1966, à la maison SODER de Lyon ? Peut-être que, tout simplement, elles n’entraient pas dans le créneau d’Harmonia Mundi…

 

Le texte est de Monsieur Jean Claude Le Dro

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